Une création de Cecile Kiffer et François Possémé Cie "A pleine voix"
JEUDI 19, VENDREDI 20 JANVIER 2012 au Théâtre de l'aire libre...
Dans un rapport frontal et intense, avec son réalisme sans détour, sa restitution crue de faits insupportables, le texte est donné au public par Cécile Kiffer.
La pièce se heurte brutalement au drame des immigrés clandestins qui meurent chaque année en essayant de traverser le détroit de Gibraltar sur des embarcations misérables. François Possémé accompagne ces mots, par une composition qui se déploie tour à tour comme un personnage, un support, un espace, un point final.
En toile de fond, une vidéo créé un paysage changeant et saturé croisant des horizons, des océans, des poissons.
La pièce se heurte brutalement au drame des immigrés clandestins qui meurent chaque année en essayant de traverser le détroit de Gibraltar sur des embarcations misérables. François Possémé accompagne ces mots, par une composition qui se déploie tour à tour comme un personnage, un support, un espace, un point final.
En toile de fond, une vidéo créé un paysage changeant et saturé croisant des horizons, des océans, des poissons.
La force d'Angélica Liddell est de livrer le point de vue de ceux qui voient s'échouer ces cadavres sur les plages du sud de l'Espagne, là où les touristes se dorent au soleil. Elle délivre un texte sans concession aux règles de la bienséance et transforme le fait divers en écriture de la souffrance et du dégoût.
Ce texte est nécessaire, sans complaisance. C'est un constat de l'état de notre humanité, une prise de conscience proposée à chacun d'entre nous sur ces drames quotidiens - un hymne contre la pauvreté.
Ce texte est nécessaire, sans complaisance. C'est un constat de l'état de notre humanité, une prise de conscience proposée à chacun d'entre nous sur ces drames quotidiens - un hymne contre la pauvreté.
extrait
Comment continuer ?
Comment continuer ?
Arrêtés sur la côte,
sur cette jolie côte d'Espagne,
sous le soleil d'Espagne,
vingt mille par an.
Je ne trouve pas le nombre de noyés.
Je ne trouve pas le nombre exact de noyés par an.
Combien d'hommes meurent-ils noyés en essayant de rejoindre les côtes de l'Espagne ?
Combien d'hommes disparaissent ?
Jamais je ne me suis intéressée aux chiffres.
Mais, dans le cas présent, ça me semble nécessaire.
Le chiffre nécessaire pour avoir des frissons..
Le chiffre nécessaire pour en faire des hommes une bonne fois pour toutes.
Un jour, on connaîtra les chiffres.
Et on n'y croira pas.
Et ça nous laissera un goût détertable.
Alors on dira : On ignorait qu'il y en avait tant que ça.
On dira : On ne savait pas ce qu'il se passait.
Je lis au-dessus de la photo des trois immigrés noyés, raides, les poings
serrés sur la poitrine.
Je lis : Le problème des immigrés.
Au-dessus de cette photo terrible, qu'elqu'un a osé écrire : Le problème
des immigrés.
Se noyer n'est rien d 'autre qu'un problème.
Apparemment, l'Afrique n'est rien d'autre qu'un problème.
Apparemment, l'Afrique abrite non pas des êtres humains mais des problèmes.
Le problème des immigrés.
Noyés, raides, les poings serrés sur la poitrine.
Les pauvres n'ont pas d'âme.
Des problèmes.
Ce sont les problèmes des immigrés.
Nous, n a d'autres problèmes.
[...]
Comment continuer ?
Comment continuer ?
Arrêtés sur la côte,
sur cette jolie côte d'Espagne,
sous le soleil d'Espagne,
vingt mille par an.
Je ne trouve pas le nombre de noyés.
Je ne trouve pas le nombre exact de noyés par an.
Combien d'hommes meurent-ils noyés en essayant de rejoindre les côtes de l'Espagne ?
Combien d'hommes disparaissent ?
Jamais je ne me suis intéressée aux chiffres.
Mais, dans le cas présent, ça me semble nécessaire.
Le chiffre nécessaire pour avoir des frissons..
Le chiffre nécessaire pour en faire des hommes une bonne fois pour toutes.
Un jour, on connaîtra les chiffres.
Et on n'y croira pas.
Et ça nous laissera un goût détertable.
Alors on dira : On ignorait qu'il y en avait tant que ça.
On dira : On ne savait pas ce qu'il se passait.
Je lis au-dessus de la photo des trois immigrés noyés, raides, les poings
serrés sur la poitrine.
Je lis : Le problème des immigrés.
Au-dessus de cette photo terrible, qu'elqu'un a osé écrire : Le problème
des immigrés.
Se noyer n'est rien d 'autre qu'un problème.
Apparemment, l'Afrique n'est rien d'autre qu'un problème.
Apparemment, l'Afrique abrite non pas des êtres humains mais des problèmes.
Le problème des immigrés.
Noyés, raides, les poings serrés sur la poitrine.
Les pauvres n'ont pas d'âme.
Des problèmes.
Ce sont les problèmes des immigrés.
Nous, n a d'autres problèmes.
[...]
Distribution :
spectacle créé et réalisé par François Possémé & Cécile Kiffer
jeu > François Possémé & Cécile Kiffer
collaboration scénographie > Faustine Beuve
lumière > L'Aire Libre
Production : L'Aire Libre, "A pleine voix"