François Possémé

dimanche 22 mars 2009

"Création ?" interview/portrait

Qui es tu ? et comment travailles-tu ?
Voilà plus de 20 ans que je travaille dans mon atelier, au fond de ma cave, dans des studios d’enregistrement ou sur des plateaux de théâtre autour de sons , à explorer le matériau sonore, à mélanger, superposer... Comme dans mes rêves les plus profonds, se mêlent, atmosphères tendues ou paisibles, violence, tendresse, des atmosphères qui traversent mes nuits, mes jours. Musiques répétitives, dans la substance des rêves, flottement, frottement, frôlement, superposition, accumulation. Suite d’impressions qui me traversent....
Tous les “groupes” de musique se confinent souvent dans une image figée, chacun de leur disque ressemble au précédent....Je suis claustrophobe, et peux difficilement rester enfermé, en cage, chacun des albums que j’ai réalisé avec Complot Bronswick par exemple, porte en lui sa propre vie, comme des images successives, visions de moments de vie, émotions de l’instant. Ils sont comme des flashes successifs, une suite de photographies, de nos sensations et émotions à un instant donné... Je pense vraiment que chaque création doit être source de nouvelles propositions, il en va de même dans la vie. Une grande partie de ce que je fais vient de l’inconscient, ce n’est pas intelligent, ni bête d’ailleurs, mais ça part de quelque chose que je ne contrôle pas, comme un mouvement intérieur suivi d’une espèce d’impulsion spontanée... Peu m’importe de plaire ou déplaire, je fais et après la rencontre se fait ou ne se fait pas. Il n’y a rien de grave dans le fait de créer seul ou en groupe, rien de grave dans dans le fait de mettre en évidence des points de vue, des approches différentes, j’aime travailler sur une matière que l'on pourrait définir comme le “fruit du hasard”, issue de l’aléatoire et en même temps, j’aime les règles fixées par le temps, l’ordinateur. Cela fonctionne un peu comme dans les rêves, une projection d' univers que l’on crée nous ramène toujours à un moment ou à un autre à nous même, même si ces univers peuvent être communs à d’autres personnes.

Tu affectionnes particulièrement les rencontres ?
Ma vie est comme une sorte de combat pour devenir plus humain, devenir un être humain. La musique a bien sûr un rôle important dans ce combat. Toutes collaborations m’aident dans mon travail, j’aime travailler avec des personnes très différentes de moi, qui possèdent une certaine ouverture d’esprit et des qualités humaines d’écoute et le sens du partage sinon je pense qu’il est difficile de s’attaquer à un ouvrage “collectif” .
Toute rencontre implique aussi une notion de “heurt”, de confrontation qui fera bouger non seulement le "metteur en scène", le musicien, le vidéaste, le comédien mais également l’espace où trouvera à se matérialiser la rencontre.
une rencontre doit être quelque part une intense confrontation, un face à face sur un parcours commun sur un espace temps que l’on s’offre mutuellement - Du temps que l’on décide de prendre pour permettre une véritable rencontre.

Comment abordes-tu la musique, le son dans ton travail avec les comédiens, les metteurs en scène ?
La musique, les sons, qui accompagne l’image, l’acteur... pour moi n’est pas un équivalent, mais un complément ; voir même un objet de contradiction...un acteur à part entière. De cette rencontre, de ce choc, naît une nouvelle réalité... un nouvel “objet” à voir et entendre, dont il devient difficile de retirer un ou l’autre des éléments sans mettre en péril l’équilibre de l’ouvrage commun. Par contre je pense que l’ouvrage puise une bonne partie de sa pertinence dans le fait que chaque élément : musique - jeu d’acteur - film soit habité de sa propre force matérielle et spirituelle, que chacun ait son rôle , sa vie indépendante propre pour pouvoir rencontrer les autres formes et permettre par la même, l’élaboration d’une forme nouvelle évidente et qui peut-être digne d’intérêt artistique.
La question est, comment trouver un langage commun tout en gardant sa personnalité son intégrité, sans se trahir, en restant en harmonie avec soi-même et les autres ?
Chaque artiste invente pour lui-même son propre langage, un peu comme celui de l’enfant qui invente inconsciemment. Grâce à une tension et un relâchement de tout son être, des mots, des sons viennent.. Le corps dans une impulsion, un mouvement pousse la main, les doigts, sur les cordes de la guitare, ou sur les touches du clavier, propulse l’idée grâce à la sensation, hors des limites du cerveau pour trouver une nouvelle conscience, créer une matière nouvelle qui vient de je ne sais où ...d’une profonde respiration, une inspiration ...

Tu as réalisé plusieurs albums de musique avec des groupes , comment conçois-tu ton approche dans ce domaine ?
Mon travail de réalisateur artistique consiste à accompagner , amener les artistes à trouver les voies, leurs voies de passage pour aboutir leur création, leur projets discographiques. A travers ce travail je me sens un peu comme un accoucheur, au sens “sage homme”, qui permet la mise en place des meilleures conditions d’apparition d’une oeuvre discographique ou sonore pour la scène, un peu comme un metteur en scène , un regard extérieur, qui tente de mettre en confiance, qui accompagne , rassurant et critique, être une force de proposition en restant toujours à l’écoute.

22 Mars ...Rouge...

Mouvement du 22-Mars

Le Mouvement du 22-Mars est un mouvement étudiant né le vendredi 22 mars 1968 à la faculté de Nanterre.
D'inspiration libertaire, ses principaux leaders sont Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar. Il se manifeste par l'occupation par 142 étudiants du huitième et dernier étage du bâtiment administratif, suite à l'arrestation de Xavier Langlade de la JCR après le saccage, la veille, du siège de l'American Express, à l'angle de la rue Scribe et de la rue Auber, lors de la manifestation organisée par le Comité Vietnam national (CVN) « pour la victoire du peuple vietnamien contre l'impérialisme américain » : la salle du conseil des professeurs est occupée toute la nuit. Le texte d'un tract est voté dans la nuit1 et une nouvelle structure de discussion est créée, le C.R.E.P.S. (Centre d'études et de recherches politiques et sociales2).
L'affaire a démarré un an plus tôt, le 21 mars 1967 lorsque les étudiants de Nanterre décident de manière spontanée d'investir le bâtiment de la cité universitaire réservé aux étudiantes3, ce qui provoquera leur expulsion musclée par les forces de l'ordre — or à l'époque, et depuis le Moyen Âge, les forces de police n'ont pas le droit d'entrer à l'université — et la circulation d'une liste noire d'étudiants que les professeurs étaient invités à refuser à leurs cours, parmi lesquels Daniel Cohn-Bendit qui s'est même vu notifier une demande de quitter le territoire (ce qui finira par advenir : il ne participera qu'au prélude de Mai 68). Ce mouvement ne restera pas qu'un « parisianisme », il s'étendra à la Province où des lycéens « non politisés » se prévaudront du Mouvement du 22-Mars pour organiser des mouvements de grève dans leurs établissements.
Les étudiants de ce qui allait devenir le mouvement du 22-Mars passent une année à diffuser leurs idées sur la liberté sexuelle et sur les névroses qu'induisent le manque de liberté dans ce domaine et dans d'autres. Lorsque le bruit court que Dany Cohn-Bendit va être transféré dans une autre université, une grande grève est déclenchée par tous les étudiants anarchistes et/ou de gauche, comme ceux de la JCR.
Sitôt Nanterre fermée par son doyen Pierre Grappin le vendredi 3 mai 1968, le mouvement se dirige vers la Sorbonne. C'est le début des événements de Mai 68.
Comme onze autres mouvements d'extrême gauche, la Mouvement du 22-Mars est dissous le 12 juin 1968.
Le mouvement du 22-Mars sera ensuite plus fortement politisé encore, trahissant peut-être ses origines potaches, perdant un peu de sa composante anarchiste et de son identité « nanterroise ».
S'y grefferont alors des personnalités comme Serge July ou Félix Guattari. Une partie des éléments du mouvement proches du groupe anarchiste Noir et rouge collaborent ensuite au groupe conseilliste, Informations et correspondances ouvrières tandis que d'autres forment, avec des membres issus de l'UJC (ml), la Gauche prolétarienne.
La saga du mouvement du 22 mars a été racontée, par l'écrivain Robert Merle, prix Goncourt, alors professeur d'anglais à la fac de lettres de Nanterre, dans son roman Derrière la vitre, dont l'essentiel de l'intrigue se passe dans la résidence universitaire de Nanterre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_du_22-Mars